Les élus du groupe Montreuil Écologistes et Citoyennes ont profité de la présentation du rapport sur le développement durable lors du dernier conseil municipal pour rappeler leur opposition à la construction de logements sur les parcelles à l’est de l’usine EIF et soutiennent l’appel de la fédération des Murs à Pêches à faire évoluer le projet.
Dans son ensemble le projet EIF contient des éléments qui permettent, ainsi que le cahier des charges le demandait, d’expérimenter l’agriculture urbaine, de valoriser le patrimoine et notamment les murs, de pérenniser le pôle d’économie sociale et solidaire implanté dans l’usine EIF, de créer un lieu d’échange et de partage. Ainsi, en plus de la réhabilitation des locaux d’EIF et de la pérennisation sur place d’activités importantes pour la ville comme celles de la Montreuilloise ou de Construire solidaire, de nouveaux projets comme la Collecterie vont pouvoir s’y installer. Le projet comportera également food lab, fab lab et d’autres haut-lieux de l’innovation économique et sociale, sous l’égide de Made in Montreuil. Enfin un nouveau bâtiment en lisière du secteur classé, l’Hôtel Solar, sera construit. Il s’agit d’un concept d’hôtel « écologique » qui organisera également des formations au développement durable et comportera un lieu de restauration. En faisant rimer innovation avec écologie et économie sociale et solidaire, ce projet est séduisant.
Toutefois, le problème réside dans le choix qui a été fait de construire 85 logements dans le secteur est, sur des parcelles naturelles où subsistent de nombreux Murs à Pêches afin de rentabiliser le projet. Construction de logements qui n’était qu’une option dans le cahier des charges.
Les parcelles en question occupent une place stratégique, à la charnière entre les 2 moitiés du secteur séparées par la A186. La disparition prochaine de l’autoroute permet de recréer des continuités entre ces deux parties. Au lieu de quoi en construisant des logements à cet endroit, on va recréer visuellement de la fermeture.
La construction de logements sur ce site va engendrer un trafic automobile encore supplémentaire, trafic qui a été rétabli le long du tram donc au cœur du secteur classé et qui doit être le plus limité possible.
Si ces parcelles ne font pas partie des 32,5ha de site classé lorsque Dominique Voynet était Ministre de l’Environnement et ne figurent que partiellement en zone « naturelle » dans le Plan Local d’Urbanisme encore en vigueur (voir illustration), les élus du groupe interrogent la cohérence de détruire plus d’1 hectare d’espaces arborés en pleine terre alors que la ville a voté à Est Ensemble un schéma de trame verte et bleue qui affirmait parmi ses objectifs :
-La préservation de noyaux primaires et secondaires de biodiversité ;
-La préservation d’espaces arborés qui sont à la fois des puits de fraîcheur indispensables pendant les épisodes de canicules mais aussi des puits de carbone naturels qui contribuent à lutter contre la pollution de l’air ;
-La valorisation la la nature en ville en offrant des espaces récréatifs tranquilles ;
-Le maintien des espaces de pleine terre sont des leviers essentiels pour gérer les épisodes pluvieux extrêmes. Les inondations récentes prouvent à quel point cette question de la non-imperméabilisation des sols est cruciale.
«Nos territoires ont besoin de terres sanctuarisées surtout lorsqu’elles offrent un patrimoine unique. Nous l’avions également abordé dans le PLU, nous aurions souhaité que davantage d’espaces verts y soient prévus » rappelait l’élue écologiste Claire Compain lors du dernier conseil municipal, le 7 février. En effet, le PLU met en avant l’importance du maintien de surfaces de pleine terre et de la végétalisation de la ville avec une baisse d’environ 20% des droits à construire et des objectifs en matière de préservation du cadre de vie et du patrimoine. « Il est contradictoire de chercher d’un côté à réduire les droits à construire et à préserver la biodiversité et le patrimoine, et de l’autre d’autoriser la construction de 85 logements sur 1ha de parcelles naturelles dotées de Murs à Pêches » abonde Gilles Robel, co-président du groupe. L’élu souligne également que la spécificité du paysage des Murs à Pêches tient à l’existence d’espaces non construits, d’espaces de nature, entre les murs.
Face à l’argument selon lequel l’équilibre économique du projet reposerait sur la construction de ces 85 logements, les élus écologistes demandent que des scenarios alternatifs soient élaborés et présentés. Il peuvent consister en un projet à plus faible rentabilité mais qui aurait valeur de vitrine pour le promoteur, à construire les logements ailleurs ou à densifier légèrement la parcelle EIF et elle seule.
Enfin, les élus du groupe rappellent qu’ils ne souhaitent pas figer le secteur des Murs à Pêches mais sont favorables à l’ouverture de ce site remarquable qui peut devenir un puissant facteur d’attractivité pour Montreuil. Pour Gilles Robel : « Le temps est venu d’adopter une vision globale pour ce secteur afin d’en assurer la protection et le développement harmonieux ».
Le groupe Montreuil Écologistes et Citoyens soutient donc pleinement l’appel de la Fédération des Murs à Pêches à faire évoluer le projet « EIF » afin de renoncer à construire des logements sur le secteur Est du projet. L’objectif fixé par le Maire lors des voeux 2018, de faire de Montreuil «un jardin » , en développant toutes les formes de végétalisation à l’instar de Todmorden en Angleterre, nous conforte dans l’idée qu’il faut protéger les espaces de pleine terre existant.
Pour accéder au Communiqué de presse de la Fédération des Murs à Pêches c’est ici
Bassirou Barry – Muriel Casalaspro – Claire Compain – Catherine Pilon – Nabil Rabhi – Gilles Robel
Projet EIF : Encore un effort pour préserver les Murs à Pêches!
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