Le retour à la gestion publique de l’eau, une tendance qui s’amplifie en France
En France, la tendance de retour à la gestion publique de l’eau s’amplifie avec plus d’une cinquantaine de villes de toutes couleurs politiques, de Paris à Grenoble, de Rennes à Nice, qui ont repris en main directement leur gestion de l’eau. Ainsi, de plus en plus de décideurs politiques optent pour ce mode de gestion après avoir été confrontés à de nombreux problèmes liés à la gestion privée par le biais de délégations de service public (sous-investissement dans les infrastructures, augmentation exponentielle des factures d’eau, opacité financière, réductions d’effectifs et faible qualité du service…).
Quand l’eau de Paris coûte 25 % de moins qu’à Est Ensemble
25 %, c’est la différence de prix entre l’eau à Paris et celle de notre territoire. Cette différence s’explique en grande partie par le choix fait par Paris de remunicipaliser son approvisionnement. Une opération qui s’est avérée très vertueuse avec des économies de l’ordre de 35 millions d’euros réalisées dès la première année.
Il faut dire que la gestion privée de l’eau de la ville de Paris, comme celle de nombreuses collectivités, avait été pointée du doigt pour son opacité financière et les surcoûts qu’elle engendrait. Un audit commandé par la ville de Paris à la Chambre régionale des comptes montre que le prix de l’eau était surévalué entre 25 à 30%.
Le retour en gestion publique de l’eau de Paris a ainsi permis d’assainir la régie avec la révision de contrats trop favorables aux délégataires et d’investir pour amorcer un travail de réfection des réseaux dont la vétusté entraînait des fuites massives.
Plus généralement l’ensemble des expériences de retour en régie publique de l’eau montre que cette dernière permet des économies budgétaires, une augmentation des investissements dans les réseaux d’eau, ainsi que d’un degré plus élevé de transparence.
La question du surcoût de la gestion privée de l’eau se pose bien évidemment sur notre territoire quand on voit que Veolia fait payer des dépassements de 13 Millions d’€ sur le contrat prévu, que les frais de siège seuls se monte à 7 millions… Alors pourquoi ne pas basculer vers une gestion publique de notre eau ?
Une amélioration de la qualité de l’eau grâce aux investissements dans les infrastructures
Le retour en régie publique permet également aux collectivités d’atteindre des objectifs environnementaux et climatiques. À Paris par exemple, la municipalité a mis en œuvre une politique de l’eau qui prend en compte des enjeux de préservation de la ressource en eau avec des partenariats avec les agriculteurs notamment dans les zones de captage pour éviter l’usage de produits phytosanitaires, protéger la qualité de l’eau à la source et valoriser son réseau d’eau non potable. Il est primordial d’inverser le système et de s’attacher à prévenir toutes les pollutions plutôt que de lutter ensuite à grand renfort de moyens, de grandes usines et techniques que nous vendent les entreprises privées du secteur pour dépolluer l’eau qu’on n’a pas su protéger. De ce point de vue, la puissance publique est essentielle car elle porte des intérêts contraires à ceux des entreprises privées.
La question de l’amélioration de la qualité de l’eau est aussi primordiale à Est-Ensemble où notre eau est décantée avec des sels d’aluminium, fortement soupçonnés d’être une des causes de la maladie d’Alzheimer alors que l’eau de Paris est décantée avec du chlorure de fer, inoffensif. Notre eau provient à 100% des eaux de surface, en particulier la Marne, qui fait partie des rivières les plus polluées d’Ile-de-France. L’eau de Paris est à plus de 50% produite à partir d’eaux souterraines, moins polluées. Là encore le maintien de la gestion privée pose question.
La gestion publique de l’eau permet également de conduire des actions de sensibilisation à un usage plus écoresponsable de l’eau. A Grenoble, par exemple, la régie publique de l’eau a mené une campagne pour inciter les usagers à utiliser l’eau de manière plus économe et le travail avec la municipalité a permis une réduction de 20% de la consommation d’eau des bâtiments et équipements communaux.
Une gestion plus transparente et plus démocratique
Sur notre territoire VEOLIA a été condamnée 9 fois pour des coupures d’eau ou des réductions de débit. Le 93 est un des départements où il y a le plus de coupures : l’accès à l’eau doit être garanti.
Le secteur de l’eau dans son ensemble, à la fois pour la distribution de l’eau potable et pour l’assainissement, génère par ailleurs des marchés et des flux financiers très élevés pour les quelques grands groupes du secteur. On l’a vu récemment encore, avec la mise en cause de la gestion du SIAAP, syndicat responsable de l’assainissement de l’eau en Ile-de-France, le secteur de l’eau est très souvent sujet à des scandales financiers. Au vu de ces enjeux, il est essentiel de garantir une gestion transparente, qui permette un contrôle véritable de la gestion et des opérateurs. Là encore, le retour en gestion publique de l’eau constitue en outre une opportunité de rendre les services publics de l’eau plus responsables et participatifs. À Paris et Grenoble, les nouveaux opérateurs publics de l’eau ont introduit des formes avancées de participation du personnel et des représentants des usagers et des associations.
Une meilleure représentation des usagers permettra une amélioration du service destiné à ces usagers. Là encore les parisiens ont pu le constater puisque Eau de Paris est récompensée depuis plusieurs années par le prix du « meilleur service clients » pour la distribution de l’eau.
« Un service public de l’eau plus démocratique, plus innovant, plus attentif aux enjeux sociaux et environnementaux, et moins coûteux pour le consommateur. Tel est l’ambition que nous portons en demandant le retour en régie publique de l’eau d’Est-Ensemble » estime Gilles Robel, co-président du groupe et élu à Est-Ensemble. Il souligne que la décision prise par Est Ensemble en décembre 2017 de ne pas réadhérer au SEDIF et de se donner deux pour réfléchir à ces alternatives est une occasion unique qu’il faut absolument saisir. Les résistances des élus et de l’administration sont nombreuses, une puissante mobilisation citoyenne est nécessaire pour maintenir la pression et éviter que l’on noie le poisson… dans l’eau de Véolia!
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