Centre Arthur Ashe : intervention de Bassirou Barry – CM du 26/07/19
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Nous partageons un certain nombre des préoccupations et des objectifs exprimés dans cette délibération relative au complexe Arthur Ashe que sont : les nécessités de réhabiliter la zone des terrains bâchés et d’améliorer le cadre de vie des habitants du quartier Bel-Air Grands pêchers. Un quartier qui a déjà beaucoup changé grâce aux transformations structurelles engagées depuis 2008. C’est également sous la mandature précédente que le complexe sportif a été municipalisé, pour que la Ville, qui avait constaté les manques de la délégation de la gestion du complexe au privé, puisse réinvestir et valoriser ce patrimoine au potentiel très important.

Seulement, pour filer la métaphore sportive, le projet présenté ici semble confondre vitesse et précipitation, et soulève de nombreuses questions, à la fois sur la méthode et sur le fond :

D’abord, il apparaît pour le moins aventureux pour la Ville de procéder à une privatisation temporaire, de manière aussi précipitée, sans véritable mise en concurrence et sans que toutes les garanties du bon usage du lieu ne soient apportées. Ce réflexe de la privatisation, avec les risques qu’elle comporte, ne manque pas d’étonner, alors que dans le même temps nous nous engageons ici dans le combat contre la privatisation d’Aéroport de Paris, justement au nom d’une certaine idée du service public et de l’intérêt général.

Ce projet est d’autant plus étonnant que sur le plan financier, la Ville va être perdante. Sortons notre calculatrice : une redevance unique pour la ville d’1,7 million d’euros, sur 30 ans, cela revient à une redevance mensuelle d’environ 4700 € par mois, ce qui est évidemment très faible au regard des bénéfices que pourra réaliser la société choisie pour cette exploitation, et inférieur par exemple au prix de la location des terrains de tennis à l’association Le Tennis club de Montreuil. Quant aux travaux de réfection qui seront effectués, le document de séance reste muet à ce sujet (la recette globale peut être estimée à 7,5 millions d’euros)

Entendons-nous bien, nous ne sommes pas opposés par principe à ce que le secteur privé contribue à l’intérêt général, tant que les conditions de cette participation et l’emploi des fonds se fait en toute transparence et que les habitants ont l’assurance d’y gagner.

Car c’est bien cela la question de fond : qui a le plus intérêt à cette délégation au privé ?

Nous ne doutons pas que les Montreuillois qui pratiquent aujourd’hui le Five dans d’autres villes puisssent être incités à venir jouer dorénavant à Arthur Ashe. En tout cas ceux qui pourront s’acquitter d’un droit d’entrée équivalent à une dizaine d’euros par heure et par personne, ce qui peut représenter une somme trop importante pour les jeunes du quartier.

Mais le groupe Alternative Écologiste à Montreuil considère qu’il s’agit là d’un choix motivé par des considérations de court terme : l’équation consiste à encaisser rapidement l’intégralité d’une redevance et à afficher une opération potentiellement populaire. Mais sur le moyen et long terme, la Ville se résout à brader un patrimoine précieux.

Nous aurions préféré que cette réhabilitation soit inscrite dans le programme d’investissements de la ville comme nous l’avons fait pour l’ensemble des autres équipements sportifs 

Nous ne voyons pas quelles solutions seront proposées aux habitants non affiliés au club de tennis et qui verront leurs créneaux horaires dédiés au simple loisir considérablement baisser.

Plus largement, nous regrettons que cette opération consiste à renforcer une fois de plus l’offre en football, après les rénovations des terrains Paul Doumer et Jean Moulin, alors que la Ville devrait avoir un projet sportif diversifié et destiné à tous. Sachant que les établissements Five reçoivent un public essentiellement masculin, nous ne voyons pas quelles dispositions seront prises pour y accueillir des sportives.

Nous ne savons pas non plus quelles garanties la Ville prévoit si la société choisie devait connaître des difficultés

Pour l’ensemble de ces raisons, parce que ce projet nous apparaît insuffisamment précis et trop aventureux, bouclé à la va vite, motivé par des considérations de court terme et pénalisant pour les finances de la Ville, nous voterons contre cette délibération.