Débat d’orientation budgétaire : un budget qui manque d’ambition – Intervention de Muriel Casalaspro – CM 06/02/2019
Partager

Monsieur le Maire, chers collègues

Si le débat d’orientation budgétaire ne permet pas une analyse fine en termes de ressources et de dépenses, il permet d’en tracer les perspectives.

Malgré une très légère amélioration par rapport à 2018, l’exercice budgétaire s’avère cette année encore particulièrement délicat dans un contexte de réduction et d’insuffisance désormais structurelles tant des financements que des libertés des collectivités sur fond d’incertitudes institutionnelles.

Il convient donc d’effectuer des choix, aussi bien en investissement qu’en fonctionnement, conformes à nos valeurs et aux priorités d’un service public local, solidaire et durable.

Le rapport qui nous a été présenté revient largement sur le contexte national et les choix faits dans le cadre de la loi de finances 2019 qui poursuivent la réduction des dépenses publiques conformément au cap fixé par la Loi de Programmation sur les Finances Publiques 2018-2022.

Malgré les efforts financiers adoptés en urgence pour répondre au mouvement des Gilets Jaunes, force est de constater que les choix budgétaires du gouvernement mettent à mal les fondements mêmes de la décentralisation et réduisent encore les marges de manœuvre financières des collectivités. Et cela d’autant plus que ces dépenses nouvelles pourraient contraindre l’État à accroître ses contraintes budgétaires sur les collectivités.

Le rapport revient également sur les différentes mesures de redressement de la situation financière de la ville. Si l’endettement doit rester à un niveau raisonnable, il n’est pas nécessairement mauvais quand il sert au financement de l’investissement pour les générations futures . Notre groupe tient à rappeler que les choix budgétaires de la précédente municipalité, comme la reconstitution puis l’utilisation de l’épargne brute entre 2012 et 2014, ont permis d’atteindre un très haut niveau d’investissement (55 millions d’euros en 2013 et 54 millions en 2014 de dépenses d’équipement soit quasiment l’équivalent de celles qui ont été réalisées au cours des 4 années qui suivent) permettant la réalisation de grosses opérations très attendues par les Montreuillois et inaugurées au début de ce mandat (cinéma Méliès, piscine des MAP, opération de renouvellement urbain au Bel Air, groupe scolaire Zeffirote, école Françoise Héritier, achat de l’école relais de la rue de Stalingrad…). On peut donc difficilement qualifier de « correct » le niveau actuel d’investissement de 30 à 35 Millions d’euros pour une ville de près de 110 000 habitants. Il s’agit du minimum exigible.

Les investissements réalisés par l’OPHM avant 2014 ont également permis de mener une ambitieuse et inédite politique de construction de logements sociaux, avec des réalisations comme le foyer du Nouveau Centenaire. Notons d’ailleurs que le taux de logements sociaux qui était de 37% en début de mandat est tombé à 34,7%, il ne faudrait pas que cette tendance se poursuive. Plus globalement, si la bonne gestion financière d’une collectivité est essentielle, nous pensons qu’il est primordial de garder un haut niveau d’investissement non seulement pour préparer la ville de demain (l’arrivée du métro et du tram dans le haut Montreuil par exemple) mais aussi pour être à la hauteur de la transition écologique que nous devons réellement mettre en œuvre.

Voilà pourquoi ce budget 2019, nous le voudrions résolument tourné vers l’avenir et ancré dans une écologie du quotidien, durable dans le temps et à la hauteur des défis climatiques qui se présentent à nous.

Si l’éducation doit en être un volet incontournable, il convient d’envisager la construction et la rénovation des bâtiments scolaires selon les standards les plus élevés en termes environnementaux. Par ailleurs il nous semble important d’aller plus loin sur l’amélioration de la qualité des repas distribué dans les cantines en augmentant la part du bio-local qui n’a pas été augmentée pendant ce mandat et en allant plus loin dans l’éducation alimentaire en introduisant des repas entièrement végétariens.

La qualité du cadre de vie, son appropriation par les habitants pour des usages pacifiés et générateurs de lien social sont essentiels dans une ville comme la nôtre. Nous nous félicitons du démarrage de chantiers importants tels que celui de place des Ruffins ou encore celui de la place de la République et la poursuite des aménagements de la Croix de Chavaux.

Nous souscrivons à la nécessité de sécuriser les espaces publics pour permettre le développement des circulations actives (marche et vélo) ou la rénovation totale de l’éclairage qui permettra de faire des économies mais nous estimons que l’investissement dans des totems lumineux était peu conforme à notre souci d’efficacité de la dépense publique. Nous ne sommes pas hostiles à la vidéo verbalisation pour mieux réguler et contrôler les infractions des automobilistes, nous tenons à rappeler notre opposition au déploiement de caméras fixes de vidéo-surveillance. L’exemple de Nice, ville la plus « vidéosurveillée » de France montre que la vidéosurveillance ne traite pas la délinquance puisque vols et cambriolages y ont augmenté depuis le déploiement de caméras. Les études récentes indiquent que dans la majorité des cas, les caméras de vidéosurveillance déplacent de quelques mètres seulement les problèmes et qu’elles ne protègent pas ! A quoi bon investir massivement  dans un dispositif qui n’a jamais fait ces preuves ? Rien ne remplace la présence humaine et les effectifs de la police municipale mériteraient d’être renforcés pour lutter et prévenir toutes les incivilités, en matière de tranquillité publique comme de propreté.

Concernant les mobilités, nous nous réjouissons que les recettes liées à la réforme du stationnement soient dédiées au développement des mobilités alternatives et à la reconquête d’un espace collectif pour les piétons, les cyclistes et les transports en commun : pistes cyclables, stationnement vélo, plan de signalisation piéton permettant une meilleure accessibilité pour tous. Nous resterons toutefois attentifs à ce qu’un budget suffisant soit affecté à la mise en œuvre du plan vélo de la ville qui doit monter en puissance en 2019 comme le détaillera toute à l’heure ma collègue Catherine Pilon.

Par ailleurs, nous souhaiterions que la démarche globale de réduction des consommations d’énergie soit accentuée et évaluée dans les bâtiments de la ville et que les programmes de sensibilisation des enfants soient relancés. Notre niveau d’investissement est modeste pour une ville de notre strate et nous estimons que Montreuil doit pouvoir être plus ambitieuse en 2019 sur l’investissement local pour financer des projets de rénovation thermique et de transition énergétique.

De manière plus globale, nous estimons que notre ville a besoin que la priorité écologique soit plus clairement affirmée et qu’elle irrigue l’ensemble de nos politiques locales, de l’alimentation à l’énergie en passant par la nature en ville. L’écologie doit devenir la colonne vertébrale qui oriente notre politique municipale.

Les choix que nous ferons lors de la finalisation de la construction budgétaire seront guidés par ces besoins et par la volonté de proposer partout dans la ville un cadre de vie agréable et des services publics adaptés du point de vue social et écologique.