Des logements décents pour les travailleurs immigrés à Montreuil
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Le Maire de Montreuil vient de réquisitionner le bâtiment de l’AFPA à Montreuil qui appartient à l’Etat et était vide depuis plusieurs années, pour y loger une centaine de résidents du foyer insalubre de la rue Bara. Nous nous réjouissons qu’un nouveau coup de projecteur soit ainsi donné sur les conditions indignes de logement dans ce foyer, et que certains résidents puissent dormir dans des conditions décentes dans les jours qui viennent.

La reconstruction du foyer Bara est un processus qui a été engagé dès 2010, et formalisé en février 2013 par la signature d’un protocole d’accord entre Dominique Voynet alors maire de Montreuil et Cécile Duflot, alors ministre du logement. C’était la première fois depuis 1968 qu’un engagement était pris par l’Etat mais aussi par la Mairie en faveur de ces Montreuillois d’origine de l’Afrique subsaharienne qui vivent à Montreuil depuis des décennies.

Ce protocole d’accord était le fruit d’un engagement total et d’un travail de persuasion et de conviction très important de la part de Dominique Voynet et des élus en charge, Claude Reznik et Daniel Mosmant et d’une prise au sérieux des enjeux, enfin, par la ministre de l’époque. C’est donc par le dialogue et la négociation qu’un accord et des solutions concrètes avaient été trouvés.

La signature du protocole par Dominique Voynet et Cécile Duflot avec le préfet Lambert en février 2013

Dans ce protocole signé avec le propriétaire Antin Résidences et le bailleur Coallia, étaient prévus un budget de 40M€, un foyer flambant neuf agrandi d’un tiers mais avec une capacité d’accueil revue à la baisse puisque ne comptant que 156 logements pour 1 ou 2 personnes, et la construction de plusieurs résidences sociales de desserrement dans le quartier. Les objectifs de reconstruction étaient d’environ 500 logements. Le foyer actuel compte 410 lits avec environ 300 personnes surnuméraires.

Où en est-on dans la mise en oeuvre de ce protocole ?

De nombreuses réalisations ont vu le jour mais du retard a été pris puisque la résidence principale devait avoir été livrée en 2018. Les résidences de la rue des Hayeps (42 lits) et de la rue Voltaire (115 lits) ont bien été livrées. Les travaux de la résidence rue Etienne Marcel qui devaient commencer en février 2018 ont été retardés suite à un recours, mais ils ont maintenant été lancés, avec une livraison prévue en février 2020. Les résidences de la rue Bara (foyer principal) et de la rue Emile Zola (site Decaux) sont toujours censés commencer en juin 2019 pour une livraison en juillet 2021.
En raison du retard pris sur la construction de certaines résidences, il fallait trouver une solution de relogement temporaire pour les futures résidents des résidences E. Marcel, E. Zola et Bara., soit près de 300 personnes. L’aménagement de deux étages du bâtiment de l’AFPA pourrait offrir une solution provisoire, après des travaux d’aménagement. Reste à savoir dans quelles conditions et pour combien de temps les résidents qui ont été amenés ce matin dans les bâtiments de l’AFPA  vont-ils pouvoir rester?
Si nous soutenons la mobilisation citoyenne engagée par la ville pour interpeller l’Etat sur les retards pris dans la mise en oeuvre de ses engagements, nous pensons qu’il ne peut y avoir de solution durable dans l’affrontement  et qu’il faut demander de toute urgence aux services de l’Etat que soit conduite une expertise indépendante sur la mise en œuvre du protocole pour comprendre les raisons de ce report dans le temps et si besoin de faire un avenant pour contrer les difficultés qui sont apparues.
La reconstruction du foyer Bara sur son emplacement initial ne peut continuer à prendre des retards, c’est une question de respect vis-à-vis de tous ces travailleurs migrants qui sont nos concitoyens.