Développement durable à Montreuil : on peut mieux faire – Intervention de Bassirou Barry – CM 06/02/2019
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[version intégrale de l’intervention]

Ce premier mois de 2019 a une nouvelle fois fait la démonstration de l’ampleur des conséquences climatiques provoquées par le réchauffement de notre planète. Face à cette urgence climatique, certains préfèrent la politique des petits pas avec son lot de reculs sur l’écologie pour ne trop mécontenter les intérêts économiques, d’autres préfèrent nier la réalité de la catastrophe climatique et écologique qui nous menace.

Heureusement partout les citoyens et citoyennes s’organisent et appellent les responsables politiques à prendre leurs responsabilités et à protéger notre planète : succès grandissant des Marches pour le climat, rassemblements des coquelicots, pétition record de l’Affaire du Siècle, mobilisation des lycéens et étudiants dans toutes l’Europe, premières grèves climatiques etc.

Ces défis impliquent que la transition écologique doit devenir la véritable colonne vertébrale de notre politique municipale.

Ce rapport nous montre que l’action en faveur de la transition écologique à Montreuil se poursuit, conformément aux engagements pris en 2014, dans un certain nombre de domaines. On citera notamment les actions en matière de biodiversité et protection des milieux tant sur la faune que sur l’environnement : que se soit l’abandon de produits phytosanitaires mis en œuvre dès 2009, la gestion différenciée des espaces verts, ou encore le soutien à la végétalisation participative. Après une première année de mise en place, nous devons toutefois être plus ambitieux sur le dispositif « Montreuil est notre Jardin » en transformant l’appel à projet de végétalisation qui est trop circonscrit dans le temps en un permis de végétalisation de l’espace public comme ce qui est fait à Paris, notamment au pied des arbres  dont nous demandons le dégoudronnage. Nous devons être plus attentifs sur les jardins partagés dont le nombre stagne à Montreuil alors que leurs bienfaits environnementaux et sociaux sont connus. Enfin, nous devons afficher une politique de plantation d’arbres beaucoup plus volontariste dans notre ville. Le bilan d’une cinquantaine d’arbres planté en 2018 est insuffisant comparé aux 800 arbres plantés par Grenoble cette même année. Le remplacement des nombreux pieds d’arbres abattus offrent une belle opportunité de plantation d’arbres. Rappelons que les arbres sont de véritables puits de carbone qui permettent d’améliorer la qualité de l’air, de réguler les îlots de chaleur et de servir de refuge à la biodiversité. C’est une raison de plus pour se mobiliser contre l’artificialisation des parcelles qui jouxtent l’usine EIF et la déforestation de la Corniche des Forts. Au sujet de la Corniche nous attendons d’ailleurs le débat annoncé en décembre avec impatience.

L’agriculture urbaine et l’alimentation doivent constituer une thématique forte de la ville pour faire converger à la fois des actions associatives dans de nombreux champs d’intervention (environnement, murs à pêches, solidarité, jeunesse) mais aussi celles de la ville en y incluant les écoles, les activités des centres de loisirs, les marchés, les acteurs de la santé, les centres sociaux. Nous souhaitons poursuivre la montée en puissance initiée dans la précédente mandature du bio et du local dans les cantines, là encore l’exemple de la ville de Grenoble passée de 25 % de bio et local à 50 % en 2 ans doit nous inspirer. En misant  sur les circuits courts, le local et en rééquilibrant la composition des menus avec l’introduction de plusieurs repas végétariens par semaine, des collectivités ont montré la possibilité de proposer des aliments plus sains aux écoliers sans engager de surcoûts pour la collectivité.

La question des déchets doit constituer un axe important de la transition : nous soutenons la création d’un quartier zéro déchets qui associerait l’ensemble des acteurs du territoire (habitants, écoles, marchés, nombreuses associations, entreprises). Les actions entreprises à Montreuil sont trop timorées, si l’on songe que deux ans après leur interdiction, des sacs en plastiques sont encore utilisés sur les marchés de la ville. Les gobelets et assiettes en plastiques doivent être bannis des événements organisés par la Ville qui devrait jouer un rôle exemplaire et veiller à ce que ses partenaires le soient aussi dans les espaces publics.

Nous estimons que la question de l’énergie est insuffisamment prise en compte. L’abandon d’un projet d’école écologiquement ambitieux au profit de l’école Odru est significatif de ce manque d’ambition. En outre, alors que nous étions partie prenante de la première agence locale de l’énergie d’Île-de-France, nous ne comprenons pas que Montreuil ait renoncé à désigner ses  représentants et à présider cette association. De même nous regrettons que notre collectivité n’ai pas encore lancé de programme structuré d’amélioration énergétique des bâtiments municipaux. La rénovation énergétique des logements sociaux est une bonne façon de montrer que l’écologie est aussi affaire de justice sociale. L’UE se mobilise sur ces questions et le rapport omet de mentionner la rénovation prochaine de la résidence Montreau au Morillon dont les travaux commencent à l’été 2019 et a bénéficié de 2,5M€ de financements européens par l’entremise de Est Ensemble de notre collègue Gilles Robel.

Pour finir, nous réaffirmons que certains aspects du projet EIF développé dans les murs à pêches sont contraires à l’ensemble des ambitions développées dans ce rapport. Construire des logements sur un espace agricole et naturel, situé en milieu urbain carencé en espace vert alors qu’à proximité les délaissés du tram offriront la possibilité de construire des milliers de logements est un non-sens écologique ! Nos territoires ont besoin de terres sanctuarisées surtout lorsqu’elles offrent un patrimoine unique.

En matière de protection de l’environnement et de lutte contre les pollutions des sols, Montreuil est une ville où les citoyens sont très vigilants , notamment sur la  question de l’usine SNEM, et la municipalité gagnerait à les accompagner davantage.

Pour finir, l’agenda 21 et le plan climat sont des démarches permettant une structuration de ces politiques, des documents cadre qui permettent d’en dégager le sens, de chiffrer des objectifs et de bien évaluer les évolutions en associant les citoyens et vérifier qu’au-delà des intentions nous parvenons réellement à réduire notre empreinte carbone.