Une nouvelle étape a été franchie le 9 février avec la désignation des projets architecturaux retenus pour le futur méga-centre commercial EuropaCity qui sera implanté dans la ZAC du Triangle de Gonesse. À cette occasion les élu-es du groupe Montreuil Écologistes et Citoyen-nes souhaitent rappeler leur hostilité au projet et invitent la population à participer massivement à l’enquête publique qui se terminera le 21 février prochain pour défendre une alternative au projet.
Un projet surdimensionné et coûteux
Avec un coût d’investissement estimé à plus 3,1 milliards d’euros, 500 boutiques réparties sur 250 000 m2, Europacity est un projet pharaonique dont l’implantation en milieu rural impliquera de facto la construction d’un certain nombre d’aménagements pour rendre le site accessible (routes, ligne de métro, gare, murs anti-bruits). Les seuls coûts d’aménagements dépassent les 686 millions d’euros qui seront à la charge des pouvoirs publics, et donc des citoyens. Si mobiliser une telle somme d’argent public pour construire un centre commercial pose évidemment question, le plus inquiétant est que de nombreux doutes persistent quant à la rentabilité et la pérennité même du projet.
Selon des objectifs parfaitement irréalistes, les promoteurs du projet visent par exemple une fréquentation annuelle de plus 31 millions visiteurs. Soit près de cinq fois la fréquentation annuelle de la Tour Eiffel et deux fois celle de Disneyland Paris, première destination touristique d’Europe. Un vrai doute sur la capacité du site à drainer autant de visiteurs se pose donc, d’autant que l’essentiel des activités proposées sera payant avec des prix élevés (20 à 30 euros pour le parc des neiges et jusqu’à 200 euros pour le cirque contemporain). De quoi exclure bien évidemment les ménages les plus modestes mais surtout une bonne partie de la population locale qui vit pour le quart en dessous du seuil de pauvreté.
Outre la question de la surestimation de son attractivité, les promoteurs semblent avoir également sous-estimé l’espace de concurrence dans lequel le nouvel espace commercial sera implanté. Rappelons que l’Île-de-France a connu une véritable explosion de ces zones commerciales avec pas moins 327 000 m2 construits entre 2011 et 2014 pour les centres commerciaux. Sachant que de nombreux gros centres commerciaux comme Roissy (Aéroville), Aulnay-sous-Bois (O’Parinor), Blanc-Mesnil (Plein-Air), Sarcelles (My Place) sont situés à moins de 20km, Europacity fera face à une concurrence féroce dans un secteur souffrant déjà d’une surcapacité de zones commerciales.
Un bilan environnemental désastreux
Greenwashing oblige, les promoteurs n’ont pas hésité à mettre en avant les qualités écologiques de leur projet en termes de conception des bâtiments, de consommation d’énergie,d’eau et de gestion des déchets. Mais Europacity est tout sauf un projet éco-responsable.
Le bilan environnemental d’Europacity est désastreux. Non seulement les impacts sur le patrimoine existant sont alarmants (destructions de zones humides, nappes phréatiques impactées) mais le type d’activités prévues sur le site (la piste de ski par exemple) nécessitera une forte consommation d’énergie pour un bilan carbone très lourd. Les besoins en énergie d’Europacity pourraient ainsi atteindre l’équivalent de la consommation d’énergie d’une ville de 70 000 habitants. Un comble quand l’urgence climatique impose la sobriété énergétique.
La bétonisation des dernières terres agricoles d’Île-de-France
En plus d’un bilan environnemental qui semble à rebours des engagements de la France lors de la COP 21 en matière d’émission de gaz à effets de serre, le projet d’Europacity s’inscrit dans un vaste plan d’aménagement du Triangle de Gonesse qui bétonnerait au total 280 hectares de terres agricoles. Des terres qui avec leur sol calcaire très riche en limon constituent la dernière grande réserve de terres arables de la région parisienne. « Comment parler de projet écoresponsable quand on sait que si le projet aboutit, les terres les plus fertiles d’Île-de-France feront place à des pistes de ski » dénonce l’élu-e écologiste Claire Compain pour qui Europacity est le symbole d’un modèle d’urbanisation qui veut faire croire que l’artificialisation de la nature est compatible avec une démarche environnementale. D’ailleurs EuropaCity semble en totale contradiction avec les orientations du Schéma directeur de la Région Île-de-France (SDRIF.) en charge de l’aménagement du territoire et de la maîtrise de l’urbanisation. Le SDRIF préconise en effet, une limitation de la consommation d’espaces agricoles, boisés et naturels. Bien évidemment le projet de créer une ferme urbaine au sein de cet énorme complexe commercial ne saurait répondre à la logique de préservation des terres agricoles portée par le SDRIF, mais correspond plutôt à une tentative de maquiller une bétonisation de grande ampleur.
Le mirage de la création d’emploi
Pour justifier ce projet, les défenseurs d’EuropaCity mettent en avant la création estimée de 4 200 emplois pour le chantier et 11 800 pour l’exploitation du site. Cette projection optimiste ne comporte toutefois aucune étude d’impact sur l’emploi existant dans les commerces de proximité qui souffriront d’un transfert de clientèle et donc d’une perte sèche de chiffre d’affaires. De plus, les doutes sur la viabilité même du projet interrogent quant à la pérennité à long terme de ces emplois créés. Enfin, d’autres études montrent que le niveau de formation et de qualification attendu pour les postes à pourvoir ne correspond pas aux profils des populations sans emploi à proximité. On assisterait au final plus à un transfert d’emplois plutôt qu’à une création nette.
Des alternatives durables plus vertueuses sont envisageables
Cannibalisation des petits commerces locaux, création d’emplois nette incertaine, destruction importante de terres agricoles et bilan énergétique et environnemental désastreux accompagneront la réalisation d’EuropaCity, le grand projet inutile du Triangle de Gonesse auquel nous devons nous opposer.
Une voie plus vertueuse sur le plan environnemental doit être envisagées. Des alternatives sont possibles comme le montre le projet CARMA (Coopération pour une Ambition Rurale Métropolitaine d’Avenir) qui propose un aménagement agronomique et alternatif à Europa City. Maraîchage de proximité, céréales bio pour approvisionner les cantines scolaires et les hôpitaux, création d’un centre de recherche et de formation sur l’agro-écologie urbaine et périurbaine et recours aux énergies renouvelables sont les principaux éléments de ce projet qui permettra de créer dans cette zone de nombreux emplois durables et non délocalisables.
Parce que Europacity (vérifier le nom officiel et harmoniser dans l’article) est un projet de développement d’un autre âge coupé des problématiques environnementales et sociales que pose son implantation, les élus du groupe Montreuil Écologistes et Citoyens demandent l’abandon simple du projet et soutiennent les alternatives de valorisation des terres agricoles défendues par les collectifs locaux.
Pour en savoir plus sur le mouvement d’opposition à Europacity cliquez ici