Intervention de Catherine Pilon sur le projet éducatif territorial « REVE » – CM du 11/12/2019
Partager

La volonté d’inscrire Montreuil comme une ville émancipatrice avec un projet éducatif ambitieux est inscrite en continu depuis plusieurs mandats, et c’est une bonne chose, car cela permet de déployer des projets structurants dans la durée et à l’échelle de la ville.

A fur et à mesure des années, une offre éducative très importante et de qualité s’est consolidée, au service de nos structures de la petite enfance et de l’enfance (n’oublions pas que le salon du livre jeunesse est issu des centres de loisirs de Montreuil) mais aussi pour les écoles, les collèges et les lycées. Souvent les professionnels récemment nommés ont pu nous exprimer leur surprise positive face à ce qui était proposé dans l’offre éducative de notre ville, et c’est un facteur pour stabiliser des équipes, dans un département qui en a bien besoin.

Que ce soit dans nos crèches, sur le temps scolaire et périscolaire, nous avons cherché à aller vers tous les enfants, en allant les chercher, et à augmenter notre niveau d’exigence, pour proposer des projets de qualité et transmettre aux enfants un accompagnement vers la créativité, l’autonomie, la citoyenneté. Nous avons cherché à leur montrer toutes les possibilités et opportunités qu’ils peuvent aller chercher autour d’eux, à ne pas rester enfermés dans leur quartier, à susciter leur désir de découvrir, d’apprendre, de s’amuser, de grandir.

Cette ambition, qui s’incarnait dans le PELG de JP BRard et P.Darré, dans le projet éducatif que j’ai conduit avec D. Voynet et que D. Attia a poursuivi pour aboutir à ce projet plein d’espoir, aujourd’hui s’appelle REVE. Il s’est construit, comme les précédents, dans un souci de concertation, et même de coélaboration, qui ne s’est pas fait sans frottements. C’est normal, et qui a vécu la réforme des rythmes scolaires telle qu’elle a été lancée par le précédent gouvernement et gérée par le nouveau, avec les atermoiements, sait de quoi je parle…

Il s’est néanmoins construit dans le pragmatisme … je pense à la question des locaux qui ont pollué le débat sur les rythmes scolaires, tant les villes sont attendues pour leur première compétence : celle de proposer un cadre d’apprentissage de qualité pour les enfants et le personnel qui travaille dans les écoles et les centres de loisirs. Le plan de rattrapage lancé en 2008 se poursuit, pour réparer les écoles et en construire de nouvelles. Nous sommes néanmoins inquiets sur la transformation de l’école relais en école définitive qui nous contraindra à intervenir sur site et par morceaux, ce n’était pas pour cela qu’elle avait été acquise en 2013…Car il reste encore beaucoup de travaux à engager dans les écoles existantes, et de nouvelles écoles sont à programmer sans attendre…

Un autre point délicat du quotidien des enfants et le temps de la pause méridienne : malgré tous nos efforts, nos restaurants scolaires sont sous dimensionnés, trop sonores et l’encadrement des repas est soumis à de fortes pressions liées aux absences non remplacées d’un personnel fragile et souvent peu formé. Il ne s’agit pas ici de jeter la pierre, cette question n’est pas nouvelle et il est très difficile de satisfaire les exigences légitimes des enfants et de leurs parents…mais nous devons considérer davantage que la pause méridienne est un temps éducatif à part entière : un temps d’apprentissage sur l’alimentation saine et la réduction des protéines animales, un temps de plaisir avec des produits bons, locaux et bios, un temps de jeux et de repos, au milieu de la journée de l’enfant. Nous devons repenser ce temps avec les directrices et les directeurs des centres de loisirs et les agents de la propreté des bâtiments, afin de monter en qualité et revaloriser ces métiers qui ont peine à proposer des carrières incitatives.

La question des inégalités est également très importante, que ce soit les inégalités de genre et la présence des filles dans l’espace public, qui se réduit avec l’âge ou les inégalités sociales et scolaires, que l’on constate à l’échelle de la ville et qui nécessiterait peut être une redistribution moins égalitaire et plus équitable de notre offre éducative, comme on peut constater que nos classes de villes ne touche pas équitablement les écoles de notre ville,…

Savoir rouler, enjeu formidable à saisir voté par la LOM….permettre aux élèves d’apprendre à faire du vélo, à l’entretenir et à se déplacer dans la ville, sur des pistes sécurisées en vue de leur entrée au collège. L’enjeu est de taille et il faudra que dans le prochain mandat, cette nouvelle ambition puisse se mettre en place, conformément à notre plan vélo, en lien avec les associations nationales et locales de cyclistes.

Le REVE est ambitieux, il a mis beaucoup de temps à s’écrire, il faudra beaucoup de moyens pour le mettre en œuvre et nous espérons qu’ils seront au rendez-vous. Il est prévu une gouvernance partagée dans le cadre d’une instance de coopération éducative qui comprend des représentants de tous les acteurs, des parents, des associations locales, des syndicats du personnel. C’est une très bonne idée mais pour qu’elle soit réellement utile, nous suggérons de faire un amendement pour inscrire que cette instance soit réunie au moins 3 fois par an, avec des PV publics permettant de partager ses travaux.