Intervention de Gilles Robel sur le rapport de la gestion de l’eau
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Intervention sur le rapport du SEDIF sur la gestion de l’eau en Conseil de territoire à Est-Ensemble – 30/09/2019

M. Le président, chers collègues,

Comme tous les ans, notre assemblée doit prendre acte du rapport d’activité du SEDIF, un syndicat qui est censé – je cite l’éditorial d’André Santini – « garantir le service public de l’eau à ses usagers « . Nous n’avons manifestement pas la même conception du service public.

Loin d’être un document dans lequel le syndicat donnerait des informations fiables et respectueuses de l’intelligence de ses lecteurs, on se trouve une nouvelle fois face à une plaquette publicitaire. C’est ce qui explique que lors de sa présentation en CCSPL la semaine dernière, il a été rejeté par 2 votes contre, 4 abstentions et 1 pour.

Passons sur la gouvernance du syndicat telle qu’elle apparaît p11 et qui montre qu’en matière de parité et de diversité, la marge de progression du SEDIF est énorme.

Dans son éditorial André Santini se déprend de l’attitude que l’on pourrait attendre du président d’un syndicat intercommunal représentant par définition des territoires aux sensibilités politiques différentes. Il attaque notamment les 7 communes d’Est Ensemble et les deux autres territoires qui lui ont fait l’affront de ne pas réadhérer au SEDIF pour se donner le temps de réfléchir à la mise en oeuvre d’un vrai service public de l’eau. Il met en avant les « périls » que pourraient courir les ouvrages destinés aux JO 2024 en omettant de préciser que c’est lui-même qui nous a menacés de ne pas procéder à la connexion du bassin d’entraînement si nous n’obtempérions pas.

Plus grave, le rapport comporte de nombreuses contre-vérités. Il y en a tellement que je citerai que les exemples les plus frappants.

Dans son éditorial, le Pdt Santini affirme que les études concluent que la sortie du SEDIF couterait 300 millions d’euros et une hausse du prix de l’eau de 10 à 20ct par m3. C’est un mensonge éhonté. Les bureaux d’études qui travaillent pour le compte de nos territoires estiment ce coût à 100M€ max pour les 3 territoires, sur la base de chiffres fournis par le SEDIF. Quant au prix de l’eau après la sortie, là encore les chiffres avancés sont fantaisistes. Tout dépend de la négociation qui doit encore avoir lieu avec le SEDIF, sur la base de chiffres réalistes, mais aussi, il faut toujours l’espérer, avec Eau de Paris.

Autre demi-vérités : le rapport affirme qu’il n’y pas d’augmentation de la part du prix de l’eau relevant du SEDIF. C’est vrai sur la consommation, mais pas sur l’abonnement où il y a eu 1,4% d’augmentation. Et pour ce qui est de la part du délégataire Veolia, elle augmente elle aussi de 1,4% à la fois pour la consommation et pour l’abonnement. Au total, l’augmentation est de 0,9%.

De même contrairement à ce qui est écrit en gros caractères p. 20, c’est n’est pas 1% des recettes qui va à la solidarité, (soit 2,5M€), mais comme indiqué dans l’annexe 1 p10, 0,71% soit 1,15 millions d’euros, moitié moins que ce est annoncé!

Notons qu’en matière de renouvellement du réseau aussi les erreurs abondent : ce ne sont pas 1,4% du réseau qui ont été renouvelés lors des 5 dernières années (p. 29) mais comme l’indique l’annexe 1 p. 9, 1,04% voire seulement 0,97% en 2017. Le réseau n’est donc pas bien entretenu, les fuites nombreuses et la ressource gaspillée.

Le SEDIF cite le rapport annuel de la Cour des Comptes de 2018 sur la question de l’eau dans la Métropole du Grand Paris, et déforme les propos des auteurs en écrivant p. 56 qu’il « valide la bonne gestion du SEDIF ». Ce n’est pas le cas. Et surtout il passe sous silence le rapport de la Chambre régionale des comptes d’Ile de France qui portait, lui, spécifiquement sur le SEDIF et pointait du doigt de nombreux dysfonctionnements du SEDIF et de son délégataire Véolia.

La proximité entre le SEDIF et la multinationale privée Véolia est telle, qu’on retrouve dans ce rapport d’activité le même argumentaire fallacieux contre la régie publique de l’eau que celui que Véolia avait envoyé aux élus avant l’été!

On pourrait enfin citer le greenwashing qui caractérise ce rapport, l’écologie étant vraiment très à la mode : mettre en valeur l’action de l’usine d’Auvigny pour préserver la ressource, alors qu’elle concerne 3% de l’approvisionnement du SEDIF, et que la ressource est largement gaspillée par ailleurs, ne trompe personne.

On trouvera sur le site de la Coordination Eau Ile de France des exemples supplémentaires de ces mensonges.

Bref, pour le groupe Ecologie & Citoyenneté, tout cela ne peut que nous renforcer dans notre volonté de voir Est Ensemble s’engager résolument dans la voie de la création d’une régie publique de l’eau sur notre territoire. Nous espérons que l’ingénieur que nous devons recruter sera rapidement opérationnel pour préparer la reprise du contrat Véolia. Même si la régie ne concerne que la gestion de cette ressource, on voit que nous avons tout à gagner à quitter un syndicat aussi peu fiable pour bâtir un vrai service public de l’eau.

Gilles Robel –  Groupe Ecologie et Citoyenneté