Intervention liminaire de Muriel Casalaspro : Bilan – CM du 11/12/2019
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M. le Maire, chers collègues

Nous sommes réunis pour l’un des derniers conseils municipaux de cette mandature, et c’est assez logiquement l’heure des bilans.

Pour le groupe Alternative écologiste, ce bilan n’est pas à la hauteur des enjeux et nous l’avons souvent exprimé avec constance et responsabilité dans cette enceinte au risque de nous répéter mais avec la conviction et sans doute la naïveté que nous pouvions être entendus.

Car sur les grandes questions sociétales, comme celle de la réforme des retraites, il existe entre les forces de cette majorité de gauche, des convergences naturelles.

Cette réforme remet en cause la logique de solidarité entre générations qui prévaut actuellement, au profit d’une logique individualiste et étroitement comptable. Elle pénalise les salariés précaires mais aussi les fonctionnaires et notamment les enseignants ou personnels soignants, et affaiblit le service public ; elle introduit un âge pivot de 64 ans qui pénalise injustement ceux qui ont commencé à travailler jeunes ; elle ne prend pas en compte tous les facteurs de pénibilité ; elle créé pour tout le monde une forte incertitude, car la clé sera la valeur du point. Comme le confessait Francois Fillon, il suffira à un gouvernement de moduler cette valeur pour baisser le niveau général des retraites. Pour les écologistes, une simplification est nécessaire, mais elle ne doit pas se traduire par un nivellement par le bas et doit s’inscrire dans une logique plus que jamais solidaire mais aussi durable, loin des appétits financiers et sans insulter les générations futures.

Et nous revendiquons de pouvoir le dire haut et fort, aussi longtemps qu’il le faudra et en toute sécurité. Or tout semble fait désormais pour dissuader les citoyens que nous sommes de manifester en entretenant un climat de tension relayé par les médias

Il existe des convergences naturelles, donc, mais sur d’autres questions, il existe des divergences substantielles trop souvent balayées d’un revers de main.

Ainsi que nous l’avons déjà exprimé, le bilan de cette municipalité est marqué par un grand nombre d’occasions manquées.

Première occasion manquée, celle de l’ambition pour Montreuil en raison d’une absence de vision stratégique pour préparer l’avenir et faire de Montreuil une ville pionnière, au profit d’une vision souvent à très court terme. Témoin de ce manque d’ambition, la plupart des grandes réalisations de ce mandat sont en fait celles du mandat précédent : cinéma Méliès, quartier de la Mairie, groupe scolaire Hessel-Zefirottes, foyer du nouveau Centenaire, piscine des Murs à Pêches etc…

2ème occasion manquée, celle de la transition écologique. Souvent réduite à de l’environnementalisme, l’écologie aura surtout servi à alimenter le journal municipal en annonces malheureusement pas toujours suivies d’effets. La charte de l’urgence climatique adoptée avant l’été, ainsi que le projet d’amélioration des cantines scolaires ne parviennent pas à faire oublier la réduction du nombre des plats végétariens servis dans les écoles, le démantèlement du service énergie, l’abandon de l’agenda 21, le goudronnage des pieds d’arbre, la dépendance vis-a-vis de multinationales climaticides, le projet d’urbanisation des Murs à Pêches sur les parcelles jouxtant EIF, ou encore la promotion de la videosurveillance comme on le verra ce soir.

Et même sur le plan de la défense de l’environnement, il y a beaucoup à redire. L’exemple des arbres de la place de la Fraternité est éloquent. Si un collectif citoyen ne s’était pas mobilisé et n’avait pas financé lui-même une contre-expertise, ces arbres centenaires qui sont notre meilleur allié contre le réchauffement climatique seraient déjà abattus.

Les arbres sont des organismes vivants qui peuvent tomber malade et il ne faut évidemment pas prendre de risques d’accident ni de contamination aux autres arbres. Mais force est de constater que les experts ne sont pas toujours d’accord entre eux et que de nouvelles méthodes, moins brutales et plus respectueuses du vivant doivent être mises en place pour entretenir notre patrimoine arboré et pour transmettre aux futures générations des espaces publics plus végétalisés. La méthode sur cette question comme sur d’autres doit tenir compte de l’expertise citoyenne, être à l’écoute des lanceurs d’alerte, avoir la volonté de donner aux citoyens le pouvoir d’agir.

Ce qui nous mène à la troisième occasion manquée.

C’est celle de la collégialité, de la transparence et de la cohérence entre le discours et les actes. « Unir pour réussir » était l’ambition affichée en 2014. « Diviser pour régner » est la réalité plus prosaïque de cette fin de mandat. Il suffit de regarder notre enceinte pour s’en convaincre : vous présidez une majorité morcelée, dont tous les groupes se sont scindés en deux, voire en trois. Au lieu de répartir les responsabilités et de partager information et décision, comme le voudraient les écologistes, tous les pouvoirs sont restés concentrés entre quelques mains. La rétention d’information est la règle et les élus de quartier sont régulièrement court-circuités. La structure pyramidale de la gouvernance actuelle, le travail en silo font que les réponses tardent à arriver, et ce sont les habitants qui en subissent en premier les conséquences. Enfin sur la transparence, si l’open data est un vrai progrès, il n’est pas suffisant : l’association de lutte contre la corruption et pour l’éthique Anticor vient de décerner à la ville de Montreuil un carton rouge en raison de sa « gestion financière opaque », et du non respect des engagements de 2014. Un carton rouge qui est celui du Maire et des élus qui n’ont pas tenu leurs engagements, alors que nous avions tiré le signal d’alarme en interne.

Un des problèmes les plus emblématiques est celui du fonds de dotation Montreuil Solidaire : début juin, 14 élus de la majorité vous demandaient son gel, et la communication précise du montant des donations, du nom des donateurs et bénéficiaires de dons jusqu’à la date du gel. Nous attendons toujours la réponse. Nous en sommes donc réduits à poser une question orale à ce sujet et invitons les montreuillois qui nous suivent à rester pour entendre la réponse.

Un des problèmes les plus emblématiques est celui du fonds de dotation Montreuil Solidaire : début juin, 14 élus de la majorité vous demandaient son gel, et la communication précise du montant des donations, du nom des donateurs et bénéficiaires de dons jusqu’à la date du gel. Nous attendons toujours la réponse. Nous en sommes donc réduits à poser une question orale à ce sujet et invitons les montreuillois qui nous suivent à rester pour entendre la réponse.

Nos convergences naturelles, Monsieur le maire, étaient un terreau fertile pour la prise en compte et le respect de nos approches plurielles. Ce n’est pas le choix qui a été fait et nous le regrettons amèrement.

Nous regrettons amèrement que les conditions n’aient pas été créées pour faire enfin de Montreuil le laboratoire de la gauche que nous appelions de nos vœux en 2014.