Patrice Bessac vient de faire distribuer aux Montreuillois.e.s une lettre leur annonçant sa candidature et leur proposant « de s’unir à nouveau pour réussir ». Il n’a pas publié de bilan de mandat, mais voici le nôtre.
L’élection en 2014 d’une majorité plurielle riche de toutes les composantes de la gauche était l’occasion de faire de Montreuil une ville phare. Nous avions rejoint cette majorité dirigée par Patrice Bessac, fort d’un groupe de 13 élus, pour préserver les acquis du mandat précédent et faire progresser l’écologie sur la ville. Or pour nous ce mandat se caractérise par de nombreux rendez-vous manqués.
Le rendez-vous manqué de l’ambition pour Montreuil
En raison d’un budget d’investissement en berne, la plupart des grands équipements inaugurés lors de ce mandat sont en réalité des projets du mandat précédent : cinéma Méliès, achèvement du quartier de la Mairie, piscine écologique des Murs à Pêches, groupe scolaire Hessel-Zefirottes, foyer du Nouveau Centenaire… Les réalisations de ce mandat sont nettement moins nombreuses et ambitieuses, à l’instar du groupe scolaire modulaire Odru venu remplacer une école écologiquement exemplaire et fruit d’une longue concertation, ou l’école Angela Davis, qui n’est autre que la conversion d’une école relais en école définitive, alors que l’école relais resterait très utile pour effectuer des travaux dans les écoles vieillissantes de la ville. Sans parler de la quasi-privatisation d’une partie du complexe sportif Arthur Ashe qui va permettre à une entreprise privée de faire des profits énormes grâce au patrimoine communal !
A une vision stratégique pour préparer l’avenir et faire de Montreuil une ville pionnière à l’instar de Grenoble, Paris ou Grande Synthe, s’est substituée une vision à très court-terme et une série de plans com, renouant avec le récit ancien d’un village gaulois prétendument uni autour de son chef protecteur, qui rechigne à s’inscrire dans des relations partenariales et « résiste » à des ennemis plus ou moins imaginaires : l’Etat accusé de tous les maux, l’Europe (dont la fête a été supprimée), voire Est Ensemble, rarement mise en valeur dans la communication municipale. Une communication elle-même très orientée, très descendante, très passéiste et identitaire, disant aux habitants ce qu’ils doivent penser au lieu de les aider à réfléchir.
Le rendez-vous manqué de la transition écologique
Loin d’être la colonne vertébrale de l’ensemble de nos politiques publiques comme l’exigent les enjeux du dérèglement climatique, l’écologie souvent réduite à de l’environnementalisme a surtout constitué un « supplément d’âme » destiné à alimenter les plans com de la ville. Une charte de l’urgence climatique a été adoptée opportunément en fin de mandat après le succès des écologistes aux élections européennes, mais les discours sont trop souvent en rupture avec les actes : démantèlement du service énergie, abandon de l’agenda 21 (autant d’outils précieux d’évaluation), réduction des repas végétariens à la cantine, goudronnage des pieds d’arbre du centre ville, dépendance vis-à-vis de grandes entreprises climaticides via le fonds de dotation, inaction face à des entreprises polluantes comme la SNEM, abandon prématuré et injustifié de l’éco-festival La Voie et Libre, chasse indigne aux Roms en début de mandat, instrumentalisation des « Baras » ou encore urbanisation du secteur des Murs à Pêches et absence de vision stratégique pour ce secteur. Et parce que l’écologie c’est aussi une question de participation citoyenne, de mode de gouvernance, penser que la fin justifie les moyens et non qu’elle se trouve dans les moyens, ne peut pas nous permettre de faire de Montreuil une ville véritablement en transition.
Le rendez-vous manqué de la collégialité, de la participation et de la transparence.
« Unir pour réussir » était l’ambition affichée en 2014; « Diviser pour régner » est la réalité plus prosaïque de cette fin de mandat. Le Maire aura réussi à manoeuvrer pour faire éclater tous les groupes de sa majorité. Aucun effort n’a été fait pour que les élus de la majorité plurielle, appartenant à des familles et des cultures politiques différentes, élaborent une vision commune et des politiques innovantes. Notre groupe a même été contraint de déposer un recours pour excès de pouvoir contre le maire – recours qu’il a gagné – pour se faire entendre! La volonté d’atomiser la majorité et d’imposer la volonté du seul maire s’est manifestée à tous les niveaux : élaboration des budgets faite en tête-à-tête avec les adjoints, sans lettre de cadrage validée collectivement; rétention d’information, notamment au détriment des élus de quartier; mise à l’écart des élus soupçonnés de « déloyauté » dès qu’ils expriment des points de vue différents ; valorisation très inégale de l’activité des élus dans le journal municipal ; remaniements autoritaires et arbitraires; mise au pas de l’administration; mise en place de circuits de financement parallèles et opaques avec le fonds de dotation Montreuil Solidaire; déresponsabilisation des élus et des agents au profit du maire et de son entourage immédiat, dans une structure pyramidale où les services travaillent en silo. Du coup, les questions légitimes des habitants restent trop souvent sans réponse, le Maire étant seul habilité à en apporter, et la participation citoyenne n’est pas au rendez-vous non plus : aucun conseil municipal décentralisé; aucun budget préparé avec les citoyens; aucun comité de suivi des engagements contrairement… aux engagements pris en 2014; seul un budget participatif qui donne naissance à des projets intéressants mais n’est pas satisfaisant dans sa mise en oeuvre. Et des engagements sur la transparence et l’éthique non tenus, comme en témoigne le « carton rouge » décerné dernièrement à Montreuil par l’association Anticor.
Les Montreuillois.e.s méritent autre chose !
Bassirou Barry – Muriel Casalaspro – Claire Compain – Catherine Pilon – Nabil Rabhi – Gilles Robel