Nous l’avions déjà pointé lors du débat d’orientation budgétaire, ce budget 2019, dernier du mandat, manque pour nous d’ambition et se caractérise même par plusieurs rendez-vous manqués tant dans ses conditions d’élaboration que dans son contenu. Il est de ce point de vue un concentré des manquements que nous pointons depuis plusieurs années.
1er rendez-vous manqué, celui de la collégialité :
Nous n’avons, Monsieur le Maire, décidément pas la même conception du travail d’une majorité plurielle, dont les différentes composantes sont toutes aussi légitimes les unes que les autres pour participer pleinement aux choix, les débattre et les infléchir sur des bases éclairées.
Or, de ce point de vue, les exemples ne manquent pas où ces temps de démocratie collective nécessaires et légitimes sont absents, où nous sommes mis devant le fait accompli de décisions importantes prises en cercle très restreint, où nos remarques et demandes d’éclaircissement sont moquées et vécues comme de l’obstruction systématique.
On nous rétorque alors souvent qu’il faut faire confiance au travail des services et des collègues, qu’on ne peut pas tout savoir, ni vouloir travailler sur tous les dossiers. Ce serait juste à condition que les orientations initiales aient été discutées et partagées, que plusieurs scenarii soient proposés et débattus.
A ce titre, nous approuvons le travail collectif réalisé pour la partie investissement du budget qui a permis le débat et une augmentation des crédits affectés à des projets importants en matière d’équipements éducatifs ou d’espaces publics, la réalisation du budget participatif ou encore du plan vélo.
Pour nous, cela ne suffit cependant pas pour une ville de notre taille confrontée à de nombreux enjeux tant en termes de rénovation que de construction d’équipements publics indispensables.
Par ailleurs, ce travail collectif nécessaire est intervenu très tard dans le mandat alors que la plupart des gros investissements étaient déjà tranchés. Nous aimerions avoir la certitude que chaque euro investi est utile pour les Montreuillois, ce dont l’on peut parfois douter à la vue de certains investissements réalisés sans concertation, comme les totems lumineux. Nous voudrions être sûrs que chaque recette possible est recherchée et nous nous interrogeons à ce titre sur des cessions de patrimoine de la ville bien avantageuses pour les acheteurs.
Pour la partie fonctionnement, pas de travail collectif réalisé : on nous demande de voter des crédits nécessaires au fonctionnement des services un peu les yeux fermés, on nous présente une augmentation du budget affecté à la masse salariale sans que l’on sache précisément à quoi cela correspond puisqu’aucun bilan des mesures prises en la matière n’a été présenté à la majorité depuis un an et que l’on apprend par ailleurs au fil de l’eau des projets d’externalisation de services sur lesquels nous ne nous sommes pas prononcés. Je pense notamment à la sécurité des bâtiments.
2e rendez-vous manqué, celui de la transition :
Cela n’est un secret pour personne, nous plaidons et plaiderons encore et encore pour que la transition écologique et sociale soit la colonne vertébrale de l’ensemble de nos politiques locales, de l’alimentation à l’énergie en passant par la nature en ville dans une nouvelle vision de la ville qui révolutionne et rénove nos schémas de pensée et d’action habituels.
Lors des vœux, vous avez monsieur le Maire, diffusé à juste titre une partie du message de la jeune Greta Thunberg adressé aux dirigeants réunis à l’occasion de la COP 24. Ce message et celui des dizaines de milliers de jeunes qui se lèvent, qui font la grève de l’école, marchent dans les rues partout dans le monde avec des slogans et revendications pour leur avenir et leur survie bien plus percutants que ceux des adultes, ce message, il nous est adressés à nous aussi, il doit nous obliger à agir massivement, rapidement et de façon forte et novatrice, à l’instar des maires de Grande Synthe ou de Grenoble
Alors oui, nous nous réjouissons du budget dédié au développement des mobilités alternatives, au plan vélo et à la reconquête d’un espace collectif pour les piétons, les cyclistes et les transports en commun. Alors oui, Montreuil fut capitale de la biodiversité en 2015, agit en faveur des abeilles, se lance dans la géothermie, a mis en place une charte promoteurs, a un quartier populaire labellisé éco-quartier, se déclare en faveur d’une augmentation de la part du bio dans les cantines, lance le dispositif Montreuil est mon jardin… Mais comment préserver les acquis, comment ne pas tomber dans des contradictions où l’on plante et végétalise d’un côté et où l’on goudronne les pieds d’arbres et l’on artificialise des parcelles des Murs à Pêches de l’autre ? Comment aller vraiment plus loin et surtout dans tous les domaines, de manière transversale, sans tergiverser ?
Ce qui est en jeu, c’est une autre manière de penser et d’agir car c’est cela la véritable transition ! Il ne suffit pas d’additionner des dispositifs et appels à projets éparpillés il faut proposer une vision globale et une transformation massive tant dans les manières de faire avec les habitants que dans les ambitions et les actions.
En matière d’énergies, d’alimentation, de préservation de la biodiversité, de la ressource en eau mais aussi d’accueil des migrants ; en matière de sensibilisation des habitants, d’accompagnement au changement, c’est d’un véritable plan pluriannuel élaboré publiquement dont nous avons besoin.
3e rendez-vous manqué, celui de la transparence :
Là encore et au risque, que nous assumons, de nous répéter, nous déplorons qu’une partie des crédits pourtant distribués par la ville, même indirectement, échappe à la décision des élus. Je veux bien sûr parler du fonds de dotation qui met d’ailleurs de plus en plus les associations en concurrence les unes avec les autres puisque certaines s’étonnent que d’autres en bénéficient en dehors de tout critère d’attribution connu.
Nous n’acceptons décidément pas qu’un circuit de financement parallèle au circuit municipal soit mis en place avec un périmètre extrêmement large, qui compromet l’équité d’accès aux financements pour les porteurs de projet montreuillois, qui remet à l’année suivante la publication des bénéficiaires et des contributeurs…Bon nombre des questions légitimes soulevées lors du précédent conseil municipal restent encore sans réponse. L’existence de ce fonds et l’opacité qui l’entoure ne permettent pas de rendre sereinement des arbitrages budgétaires
Vous l’aurez compris, nous continuons à plaider encore et toujours pour un budget résolument tourné vers la transition écologique, un budget d’investissement à la hauteur des enjeux car les dépenses d’aujourd’hui constitueront les économies de demain. Nous portons en cela une vision, défendons une méthode, proposons des alternatives qui rencontrent de nombreux échos dans la population. Si nous soutenons de nombreuses actions, nous regrettons que malgré nos alertes répétées, malgré nos propositions, celles-ci ne soient pas davantage prises en compte dans nos choix et nos actions collectifs.
Pour toutes ces raisons, nous nous abstiendrons sur plusieurs chapitres du budget 2019 et de manière globale.