Vœu sur la Corniche des forts : intervention de Muriel Casalaspro – CM 12/12
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Notre groupe se félicite qu’à l’initiative de notre groupe un vœu de compromis ait été adopté par la majorité municipale demandant l’ouverture d’une réelle concertation à l’échelle d’Est Ensemble et l’arrêt d’abattage d’arbres d’ici là. Nous publierons le texte du voeu ultérieurement.
Toutefois, Le groupe aurait souhaité que les demandes soient plus fortes face aux enjeux du projet 
C’est en ce sens que nous avions proposé un texte qui allait au delà de la demande de débat et de moratoire sur l’abattage des arbres
Le voici :

FORET DE LA CORNICHE DES FORTS : UN AUTRE PROJET EST POSSIBLE

Une étude récente du WWF montre que 60 % des vertébrés sauvages ont disparu depuis les années 1970. Dans le même temps le dernier rapport du G.I.E.C. paru en 2018 alerte sur l’inquiétante accélération du réchauffement liée à une très grande concentration atmosphérique de gaz à effet de serre produits par l’activité humaine.

Les records de température battus année après année, les vagues de chaleur, les pluies diluviennes et autres catastrophes climatiques nous rappellent régulièrement l’urgence d’agir collectivement pour limiter ce réchauffement et protéger la planète. Dans ce défi climatique que l’humanité doit relever, les collectivités ont toute leur part à prendre. Elles doivent mener des politiques ambitieuses pour réaliser la transition écologique et mettre fin aux projets inutiles destructeurs de nature.

C’est dans ce contexte que la Région Île-de-France prévoit la création d’une « base de loisirs » rebaptisée « île de loisirs » et tout dernièrement « promenade écologique » sur le site de la Corniche des Forts à Romainville. Ce projet qui date du début des années 2000 a beaucoup évolué mais continue de faire peser des menaces graves sur un espace boisé unique.

Voilà pourquoi :

Considérant la forte mobilisation citoyenne, associative et politique engagée depuis le lancement du chantier, pour exiger l’arrêt des travaux de défrichement dans le bois de Romainville; le soutien de nombreuses personnalités comme Pierre Rabhi, Fabrice Nicolino, fondateur du mouvement « nous voulons des coquelicots » ou encore d’éminents paysagistes, urbanistes et philosophes signataires d’une tribune dans Libération en juillet 2018; les 40 élu-e-s signataires de la lettre adressée le 27 octobre à la présidente de la Région Île-de-France, Valérie Pécresse, lui demandant un moratoire et l’étude d’un scénario alternatif; l’immense succès de la pétition  «Sauvons la forêt de la Corniche des forts » qui a récolté plus de 25 000 signatures à ce jour,

Considérant que l’opacité du projet et le manque de concertation des citoyen-ne-s, des associations et des élu-es du territoire portent atteinte au débat démocratique, l’abattage de plus de 600 arbres ayant eu lieu avant même qu’une réunion d’information sur le projet se tienne à Est Ensemble cofinancer du Syndicat,

Considérant  la confirmation par  Valérie Pécresse que le projet détruirait plus de 4 hectares de forêt  mature à moins de 2km de Paris et le comblement de 8 hectares de sous-sol alors que les grands arbres ont un rôle central dans la régulation des îlots de chaleurs, l’absorption de CO2 et la préservation de la biodiversité qui a reculé de 30% en Île-de-France ces dernières années.

Considérant qu’il est incohérent de détruire 4 hectares de forêt pour y installer des parcours sportifs et des jeux pour enfants (y compris un poney-club) qui pourraient être placés sur les espaces naturels avoisinants et souvent délaissés comme le parc de  la Sapinière;

Considérant que les premières opérations de déboisement et la destruction de plus de 655 arbres ont provoqué des dégâts importants sur la flore et la faune de cet écosystème unique aux portes de Paris, la plantation annoncée de 123 grands arbres et 3 000 jeunes plants sur le site et la création de 14 hectares d’espaces arborés sur la base de loisirs de Vaires en Seine-et-Marne, à plus de 20km du site ne constituant pas des mesures compensatoires satisfaisantes,

Considérant que la Région, par la voix de son Vice-président chargé des sports, de la jeunesse et de la vie associative, Patrick Karam, ne peut garantir que les 20 hectares de forêt la plus sauvage seront effectivement sanctuarisés,

Considérant que l’existence à Rosny, sur le plateau d’Avron, d’un parc naturel avec une forêt sur d’anciennes carrières de gypse non comblées par le béton interroge sur l’absolue nécessité des opérations de comblement dans la Corniche des fort par la technique du « coulis de clavage », c’est-à-dire l’injection d’un mélange de ciment, d’eau et de sable (ou bétonite) qui aggravera les ruissellements de surface et les risques d’inondations, et ce alors qu’une autre technique, par « remblaiement gravitaire » est possible, moins coûteuse, et permet la circulation des eaux et le développement du système racinaire de la forêt :

Considérant que la philosophie du projet ne propose pas de véritable découverte du milieu naturel (on est censé l’observer de loin) et ignore complètement la mémoire ouvrière du lieu et son patrimoine encore en place (maisons des carriers, tunnel d’entrée des anciens fours à plâtre, et fours à plâtre…),  

Considérant que le projet est un véritable gouffre financier : depuis sa création en 2000,  il a déjà englouti 27 millions d’euros en études. La Région s’apprête à en dépenser 14 autres : 8 pour le comblement et 6 pour l’aménagement (t sans parler de l’installation imminente d’une barrière anti-intrusion) sans que soit présenté le moindre budget de fonctionnement pour la suite,

Considérant qu’un dialogue est engagé entre les opposants et la Région et que Patrick Karam les invite à proposer un contre-projet, sachant que le projet actuel n’a jamais été approuvé par l’ancienne majorité du Conseil Régional contrairement à ce qui est affirmé,

Le Conseil municipal de la ville de Montreuil demande:

– la suspension immédiate des travaux et de l’abattage des arbres tant qu’une concertation digne de ce nom n’a pas eu lieu.

– un moratoire sur les travaux de défrichement et de comblement,

– l’ouverture d’un dialogue et d’un réel débat sur le devenir de cette forêt qui intègre les citoyens, les associations et les élus,

– la sauvegarde de la totalité de la biodiversité remarquable et ordinaire,

– la généralisation d’aménagements légers et non invasifs (cheminements, passerelle, liaisons urbaines sur les pourtours).