Enquête publique sur le PLU : notre contribution pour protéger les Murs-à-pêches
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Alors que la révision du Plan Local d’Urbanisme de la Ville de Montreuil touche à sa fin, avec l’enquête publique réglementaire qui se termine le vendredi 22 juin à 17h, le groupe Montreuil Écologistes et Citoyen-nes apporte sa contribution et encourage les Montreuillois à participer. Le nouveau PLU doit permettre un développement plus durable et solidaire de Montreuil, mais les élu-es écologistes craignent que certaines dispositions ne soient pas assez protectrices de l’environnement et de la biodiversité, notamment autour du projet EIF dans les Murs à Pêches. Le projet EIF contient des éléments qui permettent d’expérimenter l’agriculture urbaine, de valoriser le patrimoine, de développer le pôle d’économie sociale et solidaire implanté dans l’usine mais l’Orientation d’Aménagement et de Programmation qui l’autorise implique le construction de nombreux logements sur des parcelles naturelles et cela pose problème.

Un projet contradictoire avec les engagements de la ville sur la protection de la biodiversité et du patrimoine et la lutte contre la pollution de l’air

La construction de 83 logements sur 4000m2 des parcelles naturelles telle qu’elle est prévue par le projet EIF et autorisée par l’Orientation d’Aménagement et de Programmation (OAP) du secteur Murs à Pêches est en contradiction avec les principes du schéma de trame verte et bleue voté à Est Ensemble le 21/11/2017. Il affirme parmi ses objectifs la préservation de noyaux de biodiversité, la préservation d’espaces arborés pour lutter contre les puits de chaleur, la valorisation la nature en ville, ou encore le maintien des espaces de pleine terre pour gérer les épisodes pluvieux extrêmes. L’OAP affiche des objectifs contradictoires «Étudier les conditions permettant de faire passer les murs à pêches de noyau secondaire à noyau primaire dans la trame verte et bleue » et celui d’autoriser la construction de logements sur des parcelles naturelles.

L’implantation de logements va nécessairement engendrer une circulation automobile supplémentaire le long de l’ex-autoroute A186 puis le long du futur tram, c’est-à-dire en plein coeur du secteur classé des Murs-à-Pêches. Cela est contraire aux engagements pris par la ville et par Est Ensemble pour lutter contre la pollution de l’air et contre l’émission du gaz à effet de serre (PCAET adopté le 15/12/2015).

Un projet non conforme à l’intérêt général et à la nécessité de créer davantage d’espaces verts comme le préconise le SDRIF

Le Schéma directeur de la Région Île-de-France (SDRIF), qui régit l’aménagement du territoire, préconise la préservation des espaces naturels et agricoles existant mais aussi la création nouveaux espaces dans les zones les plus denses du cœur de métropole à forte hausse démographique (comme Montreuil). Avec 6 m2 par habitant, la ville est bien en dessous du ratio de 10 m² d’espaces verts publics par habitant que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) prescrit et qui constitue un objectif fixé dans le SDRIF. En sacrifiant plus d’1ha d’espace naturel de pleine terre, la ville de Montreuil ne respecte pas le SDRIF.

Une mise en danger d’un patrimoine construit et paysager, en contradiction avec le PADD

Patrimoine remarquable qui fait l’identité de Montreuil, les murs à pêches doivent être valorisés et préservés. C’est ce qui écrit explicitement dans le projet d’aménagement et de développement durable de la ville (PADD axe 3 objectif 3 p. 20) : « Donner aux Murs à pêches leur envergure métropolitaine en valorisant leurs dimensions écologique, paysagère et patrimoniale », « Préserver les murs à pêches sur l’ensemble du site ». L’objectif de « restaurer et préserver les murs » figure même dans l’OAP sur les murs à pêches p. 11. Le projet de construction de logements vient contredire cet objectif. On ne peut sérieusement prétendre construire des logements de plus de 13 mètres de hauteur tout en maintenant et restaurant les murs à pêches présents sur la parcelle. Les murs à pêches sont plus que de simples murs, ils forment un paysage. Construire des logements entre les murs va le dénaturer.

Enfin le PADD fixe pour objectif de son axe 3 « Réinvestir le secteur des Murs à pêches en l’ouvrant sur l’extérieur à travers différents développements : patrimoniaux, agricoles, artistiques, loisirs, sport, tourisme, évènements, activités et développement économique » mais à aucun moment la construction de logement n’est envisagée.

Une incohérence avec les orientations générales du Plan local (PLU) d’urbanisme qui prévoit de limiter la construction de logements et de limiter l’artificialisation des terres.

La création de logements sur des espaces naturels n’est pas cohérente avec la volonté portée dans le Plan local d’urbanisme de favoriser la préservation des sols de pleine terre en diminuant l’emprise au sol dans les projets de construction et en baissant les droits à construire de 10 à 20%. La construction de logements est possible ailleurs dans ce secteur, notamment sur les délaissés de l’ancienne autoroute A186 où passera prochainement le tram T1.

Un nouveau PLU qui ne protège pas assez les Murs-à-pêches

Le cahier des charges de l’appel à projet EIF spécifiait que « la ville de Montreuil mettra le PLU en conformité avec le projet retenu » (paragraphe 2.6.1 p. 8). Le PLU revoit de fait le classement des parcelles des Murs-à-pêches avec un zonage spécifique de la parcelle est d’EIF en « UG map1 » qui permet l’urbanisation de la parcelle. Cette adaptation du PLU à un projet immobilier spécifique est inquiétante dans la mesure où l’OAP prévoit d’aménager dans les Murs-à-pêches des «portes d’entrée» qui pourront comporter « éventuellement » des logements (chacun comprend que cette éventualité se réalisera à partir du moment où elle est autorisée). Le projet sur la parcelle Est d’EIF pourrait être la première étape d’une construction plus importante de logements dans le secteur, qui est considéré comme une réserve foncière et risque de voir son mitage s’accentuer.

Enfin le classement spécifique de certaines parcelles agricoles en A1 pose question. Le règlement est ambigu et les « constructions ponctuelles pour l’habitat d’agriculteur » (p. 105) ne doivent pas ouvrir la voie à la construction d’autres types d’habitations.

L’enquête publique qui se finit le 22 juin est la dernière occasion de rappeler la nécessité que Montreuil protège et préserve l’ensemble du site des Murs-à-pêches. Profitez-en pour vous aussi vous exprimer en déposant votre propre contribution. N’hésitez pas à vous inspirer de la nôtre.

Observations à adresser avant le 22 juin à 17h à

M. Jean-Francois Boullet

Commissaire enquêteur sur le PLU de Montreuil

Établissement Public Territorial Est Ensemble Grand Paris

Enquête Publique Révision générale du PLU de Montreuil

100 avenue Gaston Roussel

93230 ROMAINVILLE

Mail : revisionplu@montreuil.fr

Bassirou Barry – Muriel Casalaspro – Claire Compain – Catherine Pilon – Nabil Rabhi – Gilles Robel