Plan local d’urbanisme interurbain : intervention de Gilles Robel à Est-Ensemble
Partager

Le vote du PLUI ce soir revêt une double importance puisqu’il s’agit de l’une des dernières grandes décisions de ce mandat et que ces règles d’urbanisme vont façonner pour longtemps la forme de nos villes et de notre territoire. Je tiens à remercier les services pour ce travail. 

Ce PLUI intègre, dans ses intentions du moins, des ambitions que les écologistes portent depuis longtemps pour des villes plus résilientes face aux défis du dérèglement climatique, et il comporte un certain nombre d’avancées. Nous nous réjouissons par exemple que, suite à l’enquête publique, une charte de l’Arbre soit intégrée au niveau d’Est Ensemble dans l’OAP Patrimoine et paysages. Ou que le taux de constructibilité ait été réduit en zone Uev.  

Nous émettons cependant de fortes réserves : 

– En ce qui concerne les espaces naturels, des objectifs ambitieux sont affichés, pour atteindre un ratio de 10m2 d’espaces verts par habitant (contre 4 à 6m2 actuellement, ce qui est très faible), et le fait de pouvoir accéder à un espace vert à moins de 15 mins de marche de son domicile. Un principe qui relève de ce qu’on appelle « la ville du quart d’heure » qui est un bon principe. Mais ne nous leurrons pas : cela va nécessiter de sanctuariser les espaces existants, et de créer de nouveaux et véritables espaces naturels et forestiers. Dans le PLUI les cimetières sont classés en zone N, ce qui donne le sentiment que les espaces naturels augmentent, mais nous savons bien que les cimetières français, à la différence des cimetières anglais, sont fortement minéralisés et ne constituent pas aujourd’hui des lieux de promenade ni des îlots de fraicheur. Allons-nous engager un travail de déminéralisation de ces espaces? Autre exemple, au Pré-Saint-Gervais un projet de forêt urbaine sur la friche Busso a été écarté au profit d’une hausse du pourcentage de plantation en pleine terre autour de logements. Bref, il faut que nous nous donnions les moyens de nos ambitions, d’autant que certains espaces naturels et espaces boisés existants ont disparu ou sont en passe de disparaître (et je veux parler notamment 4ha de forêt et du millier d’arbres qui ont été abattus à la Corniche des Forts). Renaturons, mais  préoccupons-nous aussi de ne pas dénaturer l’existant. 

– Ce qui m’amène au second point, que j’ai déjà soulevé dans cette enceinte contrairement à d’autres qui semblent découvrir le problème aujourd’hui. Elle concerne l’Orientation d’Aménagement et de Programmation du secteur des Murs-à-Pêches à Montreuil. Cette OAP Murs-à-Pêches a été rappelons-le taillée sur mesure pour le projet EIF qui prévoit de construire des logements privés et de dénaturer plus d’1 hectare d’espaces arborés en pleine terre, dotés de murs-à-pêches. Cela est contradictoire avec la préservation d’espaces arborés qui sont à la fois des puits de fraîcheur et des puits de carbone naturels ; avec la valorisation la nature en ville en offrant des espaces récréatifs tranquilles ; avec le maintien des espaces de pleine terre  comme leviers essentiels pour gérer les épisodes pluvieux extrêmes, qui sont autant d’objectifs qui figurent dans notre trame verte et bleue.

Au delà d’EIF, cette OAP est inquiétante car elle autorise la construction de logements dans les 5 « portes d’entrée » du secteur des Murs à Pêches. Le projet sur la parcelle Est d’EIF pourrait être la première étape d’une construction plus importante de logements dans le secteur qui est un site unique à bien des points de vue. Il faut notamment veiller à ce qu’un front bâti le long du futur tramway ne vienne pas couper en deux de façon définitive le secteur classé des murs à pêches. Que des équipements publics aient été construits dans ce secteur est une chose, que des logements privés le soient bientôt en est une autre, très inquiétante et qui met ce secteur en danger. Le mitage doit cesser. 

– Par ailleurs, le choix de classer les espaces boisés en « espaces paysagers protégés boisés » plutôt qu’en « espaces boisés classés » nous laisse dubitatifs parce que ce premier classement est moins protecteur, surtout dans le cas de la Corniche des Forts. 

– En matière de mobilités, nous regrettons que le PLUI ait amoindri certaines dispositions en faveur du développement de la pratique du vélo. Nous espérons vivement qu’Est Ensemble développera des politiques ambitieuses dans ce domaine.

– Nous regrettons enfin que le thème de la faune et de la flore soient peu développés. 

Le PLUI est fort heureusement un document évolutif qui sera révisé chaque année. Mais en raison de ces réserves, et dans l’espoir qu’il sera amendé dans le bon sens l’an prochain, je vais voter contre.