Après le cirque Pinder, le parc Saint-Paul ou la Grand Roue sur la place Jean-Jaurès, voilà que nous découvrons par le biais de SMS envoyés aux parents d’élèves, sur les réseaux sociaux et par un article du Parisien (disponible ici) que pas moins de 22 000 places pour un montant d’un peu plus de 100 000 euros ont été achetées pour envoyer 11500 écoliers de Montreuil au cirque Zenith.
De telles initiatives peuvent sembler sympathiques, et il est compliqué de les critiquer sans passer pour des rabat-joie. Pourtant le groupe Alternative Écologiste à Montreuil continuera de le faire au nom d’une certaine éthique politique et des valeurs de transparence et d’efficacité de la dépense publique qui lui sont chères.
Ces places ont été achetées, nous apprend un article du Parisien, par le fonds de dotation Montreuil Solidaire. Ce fonds, dont nous avons déjà eu l’occasion de parler, est présidé par le Maire et 4 personnes choisies par lui. Il récolte des fonds auprès d’entreprises privées diverses, essentiellement des promoteurs ou la multinationale Veolia en 2016. Ces entreprises n’étant pas connues pour leur philanthropie, on imagine aisément que ces dons ne sont pas désintéressés.
Le choix des actions financées échappe totalement au contrôle des élus du Conseil municipal. Cela d’autant plus que l’élue censée le représenter n’a jamais été remplacée après sa démission pour dénoncer l’opacité du fonds. Or cette représentation est prévue dans les statuts, que le fonds ne respecte donc pas.
L’absence de transparence se mesure aussi au fait que les rapports d’activités complets n’ont jamais été présentés au Conseil municipal. Seule une synthèse très incomplète l’a été en 2016. Le rapport 2017 qui devait être présenté en juin, puis en décembre 2018, ne l’a toujours pas été. C’est notamment cela qui avait conduit notre groupe à quitter la séance du Conseil municipal du 3 octobre 2018. «Comme la dernière fois, on est mis devant le fait accompli, et c’est toujours la même opacité qui entoure l’utilisation du fonds de dotation » déplore Gilles Robel, président du groupe. Les élu-es rappellent que les droits d’information et de contrôle des élus doivent être respectés et que la transparence doit être faite sur le fonctionnement du fonds de dotation.
Indépendamment du fonctionnement de ce fonds, le groupe s’interroge sur la pertinence des actions financées. Au lieu d’offrir quelques heures de divertissement ponctuel, ces sommes importantes pourraient permettre d’augmenter les subventions aux nombreuses associations de quartier qui peinent à organiser des sorties culturelles, ou encore aurait pu être réinjectées dans les établissements culturels et sportifs du territoire fragilisés par les baisses de subventions. Un projet de ludothèque mobile porté par les centres sociaux est en sommeil depuis plus d’un an faute de réponse alors qu’il était présenté comme projet finançable dans le cadre du fond de dotation. « On est dans la consommation d’argent et pas dans l’investissement pérenne. Cela pourrait bénéficier de façon plus durable à la population » regrette l’élu écologiste tout en interpellant sur le fait que la transmission tardive des places risque d’avoir pour conséquence qu’elles ne soient pas toutes utilisées. De même il y a fort à parier que les milliers de places achetées pour la Grand Roue ont été gaspillées vu sa faible fréquentation.
Communiqué de presse du groupe AEM : La gouvernance de Montreuil contestée par les élus écologistes
